Review of Wolfgang MEID, Ausgewählte Schriften zum Indogermanischen, Keltischen und Germanischen. Innsbruck : Innsbrucker Beiträge zur Sprachwissenschaft, Band 144. 2012, 448 p.
Wolfgang MEID, Ausgewählte Schriften zum Indogermanischen, Keltischen und Germanischen. Innsbrucker Beiträge zur Sprachwissenschaft, Band 144. Innsbruck, 2012, 448 p. L’ouvrage, imposant et de facture irréprochable, offre une sélection de 26 études de Wolfgang MEID, totalement recomposées, et dont certaines atteignent parfois la taille d’une monographie. Les articles sont classés en quatre thèmes : onze contributions pour l’indoeuropéen (p. 11-182), sept pour le celtique (p. 183-288), six pour le germanique (p. 289-378), et deux pour le cimbre (379-432) – un dialecte bavarois mâtiné d’italien, et qui est encore parlé dans le Frioul. L’ample recueil contient en outre la liste complète des publications de l’auteur (p. 433-448). Seul manque un index, dont le lecteur peut du reste aisément se passer, tant les titres des contributions sont explicites et variés. 1. études indo-européennes (p. 11-182) Le v.-irl. fili « voyant, visionnaire, poète » (< celt. com. *él-et-), qui est apparenté au m.-gall. gwelet « il voit » (< celt. com. *él-e-ti), est rattaché (p. 37) au lat. uultus, -ūs m. « expression du visage, visage » (< i.-e. *él-tu-, *-té- « action de voir / d’apparaître »). Cette correspondance, envisagée non sans quelque scepticisme par MEILLET (DELL : 751), doit être selon moi maintenue : à preuve le passage de Lucrèce (5, 841), où uoltus signifie manifestement ‘capacité de voir’ : (portenta) # mūta sine ōre, etiam sine uoltū cæca reperta « il se trouva (des monstres) muets et sans bouche, et même aveugles et dénués de vision ». Le v.-irl. rosc m. « expression poétique, figure allitérante » (< celt. com. *φro-sk-ó-) est un nom composé du type d’i.-e. *ni-zd-ó- m. « installation, nid » (< i.-e. *ní=sed- « se poser ») qui peut, selon l’auteur (p. 37, n. 7), reposer indifféremment sur la racine *sek- « voir » ou *sek- « parler ». Malgré le sémantisme de la vision poétique qu’on peut inférer du v.-irl. fili « poète », la seconde alternative paraît préférable : une collocation *pró=sek- « déclarer » serait une sorte de renouvellement lexical de la collocation « poétique » héritée *pró=ek« déclarer à haute voix, dire devant un auditoire » (véd. prá VAC-). L’auteur précise à juste titre (p. 45, n. 51) que le got. woþs (< germ. com. *wōđ-áz) « possédé » traduit le gr. δαιµονισθείς. Il propose audacieusement (p. 45, n. 53) d’expliquer la finale du lat. uātēs (< *uātē + -s) par un dérivé secondaire *cauē (= av. kauuā, véd. kaví-), qui remonterait à un type hystérocinétique *koH-é- m. « poète inspiré, visionnaire ». De son côté, le v.-irl. fáith « poète » reflète un étymon celt. com. *āti-s. Il est impossible de poser une racine †ledʰ- « chanter, célébrer » (p. 47) pour rendre compte de lat. laudāre « louer » et d’all. mod. Lied n. « chant ». Selon moi, la racine sous-jacente est *le« louanger », et laudāre (< *lăuĭdāre) s’explique par l’univerbation d’une ancienne locution *lauam dare « réaliser la louange » formée avec la racine *dʰeh1- « placer, poser, réaliser ». Le premier membre de la locution serait it. com. *la- f. « louange » (< i.-e. *lo-éh2), et le ‘nom-racine’ laud- serait une sorte de dérivé-inverse. En regard de la locution *uātēs canit 1
supposée par le composé verbal uāticinārī (p. 47), je propose de rajouter *fās canere « chanter des formules magiques, jeter un sort » pour rendre compte du verbe fāscĭnāre « ensorceler, jeter un sort » – d’où procède le dérivé inverse fāscĭnum n. « charme, maléfice ». Notons qu’en ce cas, le terme hérité fās n. (< *bʰéh2-es-) recélerait ici l’acception résiduelle de *‘parole magique’. On pourrait ainsi rétablir toute une expression *uātēs fās canit « le sorcier jette un sort/le chantre dit ses formules ». Le véd. kārú- m. « chantre, poète » (dor. κᾶρυξ m. « hérault ») ne repose pas sur √KAR- « faire » (p. 47), malgré le parallèle – tout de surface – du gr. ποιητής m. « poète ». MAYRHOFER (EWAia I : 341) admet désormais l’étymologie de FORSSMAN, qui pose une dissimilation de *krā-rú- « chantre » (< i.-e. *kreh2-rú-). Noter ainsi l’all. Ruhm m. « gloire » (< germ. com. *χrō-maz < i.-e. *kroh2-mó-). La racine, qu’il faut selon moi poser sous une forme *kerh2-/*kreh2- « célébrer » et non *kerH- (pace KÜMMEL, LIV2 : 353), est bien attestée en indo-iranien : cf. véd. car-kar-mi [intensif] « je glorifie » (< i.-e. *ker-kór(h2)-mi). Notons une intéressante remarque : le hitt. alpa « la nue » qui fonctionne nettement comme le collectif du pluriel discret alpeš « les nuages » (p. 60, n. 17). L’élargissement en *-i- du lat. tenuis « ténu » ne peut s’expliquer par le morphème de féminin *-ih2 (p. 62), à preuve l’arm. mełk « mou » (< *méld--i-), qui est le cognat du lat. mollis (< *méld--i-) selon de LAMBERTERIE (Les adjectifs grecs en -υς, 1990 : 270). Viennent ensuite des considérations sur la chronologie relative de la Lautverschiebung en arménien, avec le type partēz « paradis » (p. 109-110), emprunté à une forme syncopée de type ir. *pardaiza-, tout comme l’hébr. pardēz (cf. av. pairi-daēza- « mur d’enceinte »). Seule la dentale a subi la mutation, et la labiale demeure inchangée. C’est à bon droit que l’auteur explique l’arm. arcat‘ « argent » par un emprunt à l’ir. *dzata- (< i.-e. *h2-t-ó-) ainsi que l’arm. arcui « aigle » /ar.tsǝ.wi/ par un emprunt à l’ir. *dzi-pi- (p. 110, n. 4), pace de LAMBERTERIE (BSL 73/1, 1978 : 245), qui tient ces deux termes pour echtarmenischen. L’auteur émet de sérieuses réserves sur la loi de RIX (p. 125, n. 14), avec cette sévère formule : So steht „Rix’ Gesetz“ auf schwankenden Beinen. En ce cas, il faut citer le meilleur contre-exemple à ladite loi : le lat. ursus « ours » (< it. com. *orkso- < i.-e. *h2́t-o-). Pour la possibilité d’une parenté entre le finno-ougr. *aja- « conduire » et l’i.-e. *h2e- (p. 136, n. 1), il faut dorénavant citer l’étude de KORTLANDT (Studies in Germanic, Indo-European and Indo-Uralic, 2010 : 388-389). Pour la racine protéiforme *steb- / *step- / *stepʰ- « serrer » (p. 138), on peut adjoindre selon moi le lat. stĭpŭlārī « contracter un engagement ferme » qui dérive d’un adjectif i.-e. *stip-ró- « ferme » selon un schéma dérivationnel comme suit : adjectif it. com. *stĭp-ró- → dénominatif lat. *stĭprāre « affermir » > *stĭplāre (dissimilation) > *stĭpŭlāre (anaptyxe) → déponent stĭpŭlārī. L’auteur réunit (p. 138-139) une longue liste de racines germaniques reflétant le phonème i.-e. *b en position médiale : germ. com. *sleupan « glisser, traîner des pieds », *kreupan « ramper », *limpan « boîter », *hlaupan « courir », *greipan « agripper », *skrepan « gratter », *swaipan « branler, secouer », *slēpan « dormir », *drepan « serrer », 2
*dreupan « dégoutter » et *lapan « lapper ». Il cite en outre les racines *sleipan « traîner » et *hrimpan « se rider » (p. 141). Première observation personnelle : toutes ces racines désignent des actions peu valorisantes : « lambiner, traîner, boîter, ramper, traîner des pieds » ou bien expressives : « serrer, dégoutter, lapper, se rider ». Les autres racines représentent un renouvellement lexical : ainsi par exemple i.-e. *drem- « dormir » renouvelé par germ. com. *slēpan « dormir » (en propre : « être faible », cf. v.-sl. slabŭ « faible »). Seconde observation personnelle : ces racines n’ont pas toujours d’étymologie indo-européenne assurée, ainsi germ. com. *hlaupan « courir ». Troisième observation personnelle : le *p du germanique commun (< i.-e. *b) n’y apparaît jamais qu’en position médiale. Or, on sait que ce trait se retrouve ailleurs dans le domaine, ainsi dans le gr. θρόµϐος m. « caillot (de sang) » (< i.-e. *dʰrómb-o-), qui fait couple pour le sens avec l’hom. τρέφω « faire coaguler (le lait) » (< i.-e. *dʰrébʰ-e/o-). Si l’on devait admettre cette correspondance, selon moi, le germ. com. *drepan « serrer ensemble » (< i.-e. *dʰréb-e/o-) sortirait sans peine de son total isolement. Prenons le cas du type *stip-ró- « serré, compact » (lat. *stĭper), qui revêt une forme *stib-ró(gr. στιϐ-αρός) ou *stipʰ-ró- (gr. στιφ-ρός). Selon moi, d’un point de vue phonologique, tout se passe comme si le phonème *b occupait la case d’une géminée impossible (*-p.p- > *-b-). La variante sourde aspirée *pʰ (gr. στιφ-ρός) représente une variante expressive (*p → *pʰ). Si *b est une sorte de substitut phonologique pour une gémination impossible, on comprend mieux pourquoi ce phonème apparaît en position médiale, et dans des racines expressives. On pourrait ainsi poser i.-e. *lap- « lapper » → *lapʰ - (arm. lap‘em) / *lab- (< *lap.p-) ou bien i.-e. *step- « serrer, bourrer, fourrer » → *stepʰ- / *steb- (< *step.p-). Précisons que le lexème *kar- « pierre » (v.-irl., gall. carn « tumulus, cairn »), peutêtre bien pré-indo-européen (p. 150, n. 9), possède un correspondant exact hors du monde méditerranéen : il s’agit de l’arm. kar « pierre » (noter le type kar-kar « tas de pierres »). On ne peut en séparer le type *kal-kal- « tas de pierres » reflété par le lat. calculus m. « caillou » (< *kal-kal-o-), lequel présente encore parfois le sens nettement collectif de ‘tas de pierres’ (ANDRÉ, Les mots à redoublement en latin, 1978 : 55). On sait que le mot n’est pas un diminutif de calx f. « chaux, pierre à chaux » depuis la belle étude de Jean LOICQ, (« Calculus et la formation des diminutifs en latin », L’Antiquité classique 29/1, 1960, 30-50 : 45). Le gall. Rhiannon reflète un étymon celt. com. *rīgant-ŏnā « grande reine » (p. 152). Ce suffixe augmentatif *-ŏnā se retrouve dans le type *Mātr-ŏnā « mère puissante » (fr. Marne). Typologiquement, ce type de dérivation « augmentative » rappelle des faits romans bien connus : ainsi, l’esp. mujerón « hommasse, grosse femme » (< lat. vulg. *mŭlĕrṓnĕ). Ajoutons ici une brève remarque : il convient de bien préciser le sens des deux adjectifs antithétiques que sont i.-e. *m-tó- « mort » et *́-m-to- « immortel » (p. 165). Contrairement à ce qu’écrit l’auteur, ce n’est qu’en grec et en arménien que l’i.e. *m-tósignifie ‘mortel’ (gr. βροτός « mortel » et arm. mard « homme »). On sait par ailleurs que le composé de date arménienne an-mard signifie ‘sans hommes, désertique’ et ne se dit que d’une contrée : il n’a donc rien à faire avec le composé hérité *́-m-to- « immortel ». 3
2. études celtiques (p. 183-288) La partie celtique s’ouvre par une belle étude (p. 183-210) sur l’équatif en celtique insulaire, soit le type de v.-irl. dub-ithir « aussi noir » formé sur dub « noir » (p. 183) avec le suffixe v.-irl. -ithir (< celt. com. *-tr-is), tandis que le gallois possède un autre suffixe, issu de celt. com. *-is-eto-. Remarquable est le celt. com. *kom° formant des composés équatifs, avec le sens de ‘aussi X que’, soit le type de gaul. Co-māro-s (p. 185), strict cognat du v.-irl. com-mór « aussi grand que ». Cette classe jette une lumière nouvelle sur le lat. com-mūnis « commun » (got. ga-mains), qui rappelle le v.-irl. com-moín « semblable à » (p. 186). Un examen comparatiste du système verbal du celtique (p. 221-244) recèle de belles trouvailles, ainsi le remplacement du participe parfait passif *CC-tó-, désormais affecté à l’expression du parfait passif périphrastique, par un allomorphe de type *CC-tó- (p. 228), soit le v.-irl. clithe « caché » (< i.-e. *-t-ó-) ou altae « élevé, nourri » (< celt. com. *al-tó-). Le v.-irl. ro.fitir « il sait » est ingénieusement expliqué par un impersonnel celt. com. *φro-id-r-i « on sait » formé sur le thème de parfait i.-e. *id-́ « ils savent » (p. 232). La distribution de type v.-irl. berid « il porte » (< i.-e. *bʰér-e-ti) vs do-beir « il apporte » (< i.-e. *°bʰer-e-t) se retrouve également après la négation : c’est le type de v.-irl. ni-beir « il ne porte pas » clairement élucidé par un ancien injonctif (p. 239-240), qui se justifie pleinement, soit i.-e. *né=bʰer-e-t (± celt. com. *n=beret) « il n’est pas en train de porter ici et maintenant ». Voici quelques notes gauloises : le gaul. bregan [acc. sg.] « miette » qui remonte à un étymon celt. com. *brig-ā (< i.-e. *bʰg-éh2) « fragment » (p. 259, n. 31), ainsi que le gaul. *rigā [imp.] « va-t’en ! » (p. 263, n. 43) qui correspond, en celtique insulaire, au v.-irl. regaid « il ira » (< celt. com. *rig-ā-ti). Il faut rapprocher ces formes du présent duratif r. ëрзать « se trémousser » (< i.-e. *h1ʰ-eh2-é/ó- « s’agiter »). Signalons un point litigieux : le v.-irl. Boand f. (< celt. com. *bō-ind-ā), revêt en synchronie l’acception de ‘vache blanche’, mais il y a tout lieu de penser, depuis CAMPANILE, qu’une telle forme est à mettre en relation avec le véd. go-vind-ú- « qui procure des vaches » (forgé sur une locution *gó- vind-á-ti). 3. études germaniques (p. 289-378) Dans une longue étude consacrée au renouvellement lexical en germanique (309-322), l’auteur pose un étymon germ. com. *ferχw-ijōz m. pl. « peuple » sur la foi du v.h.a. firihi et du v.-sax. firihos « peuple » (p. 313-314). En propre, c’est une dénomination des humains, en tant qu’ils sont animés et dotés de vie (germ. com. *ferχw-u- « force vitale, monde vivant »). Or, on sait qu’en gotique, le terme fairƕus signifie désormais ‘monde physique’ (inerte) par contraste avec le composé mana-seþs « monde des vivants » (p. 334 et 338). Signalons une proposition étymologique des plus originales : l’auteur propose d’expliquer le germ. com. *paþa- « chemin » (angl. path, all. Pfad) non par un emprunt à l’ir. *paϑa- postérieur à la Lautverschiebung, mais par un emprunt à un étymon celt. com. *batos « chemin » (p. 321), qui serait en propre un ancien adjectif *gh2-tó- « franchissable, accessible ». 4
De façon classique, l’auteur admet, pour le composé gaul. *dru-id- (p. 351), le sens assez ésotérique de ‘eichenkundig’ (qu’il glose par das Wissen von der Eiche habend). Ce point doit être précisé : selon DELAMARRE (Dictionnaire de la langue gauloise, 2003 : 149), le druide n’est pas un simple « connaisseur du chêne ». C’est un connaisseur de l’Arbre du Monde, la puissante colonne cosmique qui traverse et soutient les trois mondes, supérieur (*albio-), médian (*bitu-) et inférieur (*dubno-). Rappelons que le got. triggws et le v.-isl. tryggr « fidèle, digne de confiance » (< germ. com. *trewwa-) postulent un développement sémantique bien différent : *drú-h2-s f. « arbre, chêne » → dérivé d’appartenance à vṛddhi *dreh2-ó- « robuste » (« qui possède la dureté du chêne »), d’où germ. com. *trewwaz. 4. études portant sur le cimbre (379-432) Ce savoureux dialecte bavarois, nommé ‘Zimbrisch gaprècht’ ou ‘Zimbrische zunga’ par ses propres locuteurs, recèle une foule de traits typiques des parlers du sud : seconde mutation consonnantique, et vocalisme très divergent de la langue standard. Voci ce qu’on relève dans un catéchisme de 1602 : parmeherzekot (± all. Barmeherzigkeit) « miséricorde » (p. 380), gherektikot (= all. *Gerechtigkeit) « justice » (p. 385), gheporn (= all. geboren) « né » (p. 389), et ik pin « ich bin » (p. 406). Il faut citer l’inimitable formule Ghib unz heute unzer teghelek proat « Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien ! » (p. 400), qui équivaut ainsi à Unser tägliches Brot gib uns heute en allemand standard. Plus intéressant – et sans doute plus opaque encore – est le terme moatte « chasteté » (p. 408, n. 38), que l’auteur explique par un plus ancien *meitte (< *magaþ-iđṓ « virginité »), équivalant pour le sens à l’all. Magdheit (< *magaþ- + *haiđú-). L’étude du formulaire – volontiers concret – n’est pas sans importance : le tour in eüren hänten « en votre pouvoir » (p. 429) est plus imagé que le texte it. in vostro potere, de même que untar d’oghen von allen « en public » (p. 429) est plus concret que l’it. pubblicamente. En conclusion, je dirais que ces Ausgewählte Schriften sont appelés à devenir un ouvrage de référence, contenant plusieurs études désormais classiques et qui ont passé dans la doctrine commune ; les quelques erreurs qu’on y surprend ne sont que la marque du temps, et l’indice du progrès de la science, dont les contours se modifient sans cesse, tandis que les trésors qu’on y décèle sont un acquis pérenne et qu’il est nécessaire de s’assimiler. Romain GARNIER
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