Maladie d’Alzheimer et autres démences au Maroc Expérience d’un centre de la mémoire à partir de l’étude prospective de 160 cas

April 24, 2018 | Author: Anonymous | Category: Documents
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© MASSON Compte rendu de congrès • Neuroméditerranée V 963 NEUROMÉDITERRANÉE V du vieillissement, ainsi que de rechercher la part des fac- teurs génétiques et environnementaux dans ces processus. Pour développer ces approches, il faut disposer de bons modèles animaux. La grande majorité des recherches sur le vieillissement a été faite sur des modèles « rongeurs ». Néanmoins, même chez les rongeurs, les conclusions tirées des expériences sur le vieillissement et les fonctions cogni- tives dépendent fortement du modèle expérimental choisi (espèce, souche, etc.) De plus, la complexité des comporte- ments et celle du cerveau augmentent considérablement lorsqu’on passe à l’étude de l’homme. C’est pourquoi, afin de combler une partie de cet « écart », il faudrait pouvoir travailler sur des primates. Cependant, les études sur les grands singes sont rendues difficiles à cause de deux carac- téristiques importantes : d’une part, ils vivent très vieux (jusqu’à 50 ans pour les anthropoïdes, 30 ans pour les simiens) ; d’autre part, du fait d’un coût de fonctionnement très élevé, les cohortes sont extrêmement faibles ce qui obère toute étude statistique. Nous proposons par consé- quent d’utiliser un primate, le microcèbe (Microcebus murinus), comme ressource biologique modèle pour l’étude du vieillissement et des pathologies associées. Le micro- cèbe est un primate nocturne, prosimien, lémurien, origi- naire de Madagascar. Cet animal mesure environ 12 cm pour un poids de 70 à 120 g. Il atteint sa maturité sexuelle vers 6-8 mois et peut donner naissance à 2-3 petits par an. Dans son milieu naturel, il dépasse rarement 3-4 ans. En revanche, en captivité, il peut vivre 8-12 ans. Il présente alors des déficits sensoriels et comportementaux et des lésions cérébrales qui affectent l’homme vieillissant, les altérations centrales précédant les déficits comportemen- taux. Nous possédons un élevage de 155 animaux dans tou- tes les tranches d’âges. Nous présentons ici nos derniers travaux montrant l’utilité de cet animal dans l’étude du vieillissement cérébral aux niveaux comportemental et immunohistochimique. Nous présentons également les pro- jets que nous développons au niveau expression des gènes en relation avec le vieillissement. ● Le vieillissement cérébral : pistes pour les médicaments H. Allain1, D. Bentue-Ferrer1, E. Polard2, G. Michel3 1 Service de Pharmacologie Faculté de Médecine, 2, avenue du Professeur Léon Bernard. 2 Centre Régional de Pharmacovigilance, CHRU Pontchaillou, Rennes. 3 Pharmacie Hôpital de La Conception, Marseille. Pendant longtemps, les interrogations sur le vieillisse- ment sont restées de l’ordre de la Philosophie ou des Reli- gions. L’accroissement spectaculaire, mais récent, de l’espérance de vie de l’espèce humaine, a réorienté le débat vers la sociologie (question des relations inter-génération- nelles) et la Médecine (recrudescence des maladies liées à l’âge). Parmi les risques et donc les craintes du contempo- rain vieillissant, l’altération du cerveau et des fonctions les plus nobles qu’il sous-tend, reste en première ligne, avec en particulier « l’épidémie » des maladies neurodégénératives et plus spécialement des démences, dont la maladie d’Alzheimer (plus de 600 000 cas sont aujourd’hui recen- sés en France). Le temps est passé du simple constat ou de la description passive du phénomène ; les populations réclament à juste titre des solutions médicales et thérapeu- tiques à ces fléaux. La réponse de la Science n’a pour l’ins- tant pas abouti au « remède miracle », malgré une envolée spectaculaire des connaissances les plus fondamentales sur les mécanismes du vieillissement cérébral. Plus qu’ailleurs, le fossé entre Neurosciences et application thérapeutique (pharmacologie) est devenu béant, appelant, par là même, des efforts de dialogue et d’échanges de savoir entre les acteurs concernés par le vieillissement du cerveau, donc sa pathologie, de la cellule à l’environnement. Les patients, les familles et les thérapeutes réclament des médicaments ; le pharmacologue demande qu’on lui précise les cibles et les mécanismes biologiques sur lesquels le médicament doit agir ; les autorités de santé imposent une évaluation objective des futurs médicaments. Aujourd’hui c’est l’étape pharmacologique qui est la plus problématique, car les cau- ses des maladies neurodégénératives ne sont pas connues et les approches théoriques semblent à première vue discor- dantes. Il semble raisonnable de tenter de reprendre les principales voies de recherche sur le pourquoi de cette perte cellulaire liée à l’avance en âge, avant d’envisager des pis- tes pharmacologiques nouvelles qui nous feront sortir du dilemme actuel : traitement symptomatique (amélioration d’un symptôme ou d’une performance), traitement étiopa- thogénique (suppression de la cause de la mort cellulaire). ● Maladie d’Alzheimer et autres démences au Maroc Expérience d’un centre de la mémoire à partir de l’étude prospective de 160 cas M. Benabdeljlil, M. El Alaoui Faris, S. Aïdi, F. Boutbibe, F. Benbelaïd, T. Chkili Centre de la mémoire, Service de Neurologie, Hôpital des Spécialités, Rabat, Maroc. Nous rapportons une étude prospective de 160 cas de démence âgés de plus de 50 ans, colligés à la consultation pluridisciplinaire du centre de la Mémoire entre jan- vier 1996 et juin 2002. Tous les patients eurent un Mini Mental State Examination (MMSE) et un examen neurop- sychologique pour confirmer le syndrome démentiel ainsi qu’un scanner X cérébral. Il y avait 94 hommes et 66 fem- mes. L’âge moyen était de 65,72 ans ± 8,45. Quatre vingt cas (50 p. 100) étaient des maladies d’Alzheimer et 23 cas (14,4 p. 100) des démences dégénératives autres que la maladie d’Alzheimer (parmi lesquelles 11 cas de démence fronto-temporale). Dans 38 cas (23,8 p. 100), il s’agissait de démences vasculaires. Si l’on considère les sujets de plus de 65 ans, les DTA représentaient 59,3 p. 100 des cas et les démences vasculaires 20,8 p. 100 des cas. Les étiolo- gies infectieuses (8 cas) comportaient 4 cas de maladie de Creutzfeldt Jakob, 3 cas de neurosyphilis et une encéphalite 964 Rev Neurol (Paris) 2004 ; 160 : 10, 956-977 NEUROMÉDITERRANÉE V herpétique. La pathologie inflammatoire (7 cas) était essen- tiellement représentée par la démence de la maladie de Behçet (4 cas). Dans notre pays, la maladie d’Alzheimer est la première cause de démence chez les sujets de plus de 50 ans, suivie en deuxième position par les démences vasculaires. Ceci se rapproche des données de la littérature occidentale (Fratiglioni et al., 2000). En revanche, les démences vas- culaires représenteraient la première cause de démence en Asie (Shibayama et al., 1986 ; Liu et al., 1991) et dans certains pays en voie de développement (Osuntukun et al., 1992). ● Pharmacological control of emotional processes O. Blin, E. Fakra, P. Delaveau, J. Micallef CPCET et Pharmacologie Clinique, Institut des Neurosciences Physiologiques et Cognitives, FRE CNRS Université de la Méditerranée, CHU Timone, Marseille. Emotions colour our every day life and are important determinants of human behaviour. Selection of pertinent informations, decision making, memory processes are directly related to emotional and affective factors. Many neurological and psychiatric diseases are characterized by impairment in emotional responses and this impairment plays a major role in social interactions. Pharmacological treatments have been developed in order to improve speci- fic symptoms and signs. However, little is known on the influence of drugs on emotional responses and emotions only recently entered the field of neuropsychopharmaco- logy. In order to progress in this field, several different and congruent approaches are requested. Knowledge of neuropsychopharmacological mechanisms involved in emotional responses are of primary importance. Very recent data demonstrate the influence of dopamine, serotonine and glutamate in emotional responses. Brain imaging has revealed that emotions lead to the activation of specific brain regions. However, the role of several regions such as orbitofrontal cortex, amygdala, ventral striatum and anterior cingulated cortex remains to be specified. Moreover, rather than specific regions, the importance of neural networks and connectivity has been outlined. In Parkinson’s disease, the role of amygdale in emotion processing has been suggested. Comparison of patients in OFF and ON conditions allowed determining that the acti- vation of amygdala is related to dopaminergic state. Studies in normal volunteers are ongoing, focusing on the influence of dopaminergic drugs on emotional recognition, feeling state and expression. In schizophrenia, abnormalities in emotion recognition, feeling and expression have been shown. Moreover, brain regions involved in emotion perception have been demons- trated to be different than those activated in normal sub- jects. The influence of antipsychotics on emotional responses in schizophrenia is a growing field of research. Second generation antipsychotics, as opposed to first gene- ration antipsychotics, might improve emotion recognition. In normal volunteers, administration of ketamine has led to positive and negative signs, as well as emotional dis- turbances. The presentation intends to present the recent data on emotional responses in neuropsychological disorders, the new functional neuroimaging results, and the last data on pharmacological control and correction of emotional res- ponses in both normal volunteers and patients. ● Agraphie pure en arabe : dissociation entre voyelles et consonnes Syndrome du buffer graphémique M. El Alaoui Faris, F. Benbelaid, L. Ettahiri, M. Jiddane, T. Chkili Unité de Neuropsychologie, Service de Neurologie, CHU Ibn Sina, Rabat, Maroc. L’écriture en arabe est une écriture cursive essentielle- ment consonantique dont les voyelles ne sont pas intégrées au mot. Nous présentons un cas d’agraphie due à l’atteinte du buffer graphémique (Caramazza et Miceli, 1990). Cas n° 4961/94. - Un homme, droitier, juge, sans antécé- dents neurologiques, présenta le 7 juillet 1994 des cépha- lées, de la fièvre et des crises comitiales. L’IRM cérébrale montra un abcès frontal gauche. L’évolution fut favorable sous antibiotiques. L’examen neuropsychologique trouva une agraphie. Les troubles de l’écriture intéressaient essentiellement les voyelles (81 p. 100 des erreurs) par rapport aux consonnes (19 p. 100) et ceci dans différentes modali- tés : dictée de mots, dénomination écrite, copie et épellation. Les erreurs paragraphiques étaient non-mor- phologiquement plausibles et concernaient à la fois les mots et les non-mots. Les lettres étaient bien formées. Il n’y avait pas d’effet de lexicalité, de concrétude ou de fréquence. En revanche, on trouvait un effet manifeste de longueur de mots avec prédominance des erreurs, essentiellement de substitutions, sur le milieu du mot (67 p. 100 des erreurs). L’analyse cognitive de cette agraphie est compatible avec un syndrome du buffer graphémique (Caramazaa et Miceli, 1990). La dissociation entre les voyelles et les consonnes plaiderait pour un stockage séparé des voyelles et des consonnes au niveau du buffer graphémique (Cubelli, 1991). RÉFÉRENCES CARAMAZZA A, MICELI G. (1990). The structure of graphemic repre- sentation. Cognition, 37: 243-297. CUBELLI R. (1991). A selective deficit for writing vowels in an acqui- red dysgraphia. Nature, 353: 258-260.


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