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NÜTZEL W. 2004. Einführung in die Geo-Archäologie des Vorderen Orients. Wiesbaden: Reichert Verlag. 293 p. Par Bernard GEYER*.
Le1 volume intitulé « Introduction à la géoarchéologie du Proche-Orient » est l’œuvre d’un amateur « autodidacte » bien peu au fait des réalités des milieux qu’il décrit et des concepts qu’il utilise. Deux exemples parmi d’autres peuvent illustrer cette critique préliminaire : – l’auteur fixe la limite théorique inférieure de l’agriculture pluviale (généralement fixée à ± 250 mm de précipitations annuelles) à 400 mm, ce qui exclut une grande part des zones de steppe (dont la majeure partie de celles d’Alep et de Hama pour la Syrie), pourtant grandes pourvoyeuses de plantes annuelles cultivées, notamment de blé et surtout d’orge. Il y a là une réelle méconnaissance de la réalité de la mise en valeur de la steppe, que ce soit de nos jours ou dans le passé. Dans cette logique, l’auteur crée (fig. 1 à 3) une très vaste zone de no man’s land, concept dont il prend soin de dire qu’il en est l’auteur, et qui donc inclut, entre autres cités d’importance, Alep et Hama ! De plus, l’économie agropastorale, pourtant si importante au Proche-Orient, est passée sous silence ! – le passage des dates C14, toujours exprimées en BP, aux dates conventionnelles (av. ou ap. J.-C.) est annoncé comme réalisé en retranchant 2 000 ans des premières, ce qui est un non-sens, reconnu comme tel depuis plus de dix ans. C’est ainsi que l’Épipaléolithique est désigné comme se poursuivant jusqu’en 8000 av. J.-C., alors que sa limite inférieure est de 10 000 ans av. J.-C. cal. L’ouvrage couvre l’ensemble du Proche-Orient, de la plus haute Préhistoire à nos jours. Défi de taille, trop vaste sans doute pour que le résultat soit à la hauteur des espérances ! En introduction, l’auteur énumère quelques questions censées être posées par l’archéologie et auxquelles il entend répondre en se fondant sur les enseignements apportés par les sciences de la terre. Parmi celles-ci : – pourquoi les sites archéologiques de la plaine alluviale mésopotamienne sont-ils tous implantés loin de l’Euphrate et du Tigre, dans le désert ? – pourquoi, lors des prémices de la sédentarisation dans le Croissant fertile, celui-ci était-il totalement inoccupé alors que les déserts situés au sud étaient occupés ? * Bernard GEYER – CNRS-UMR 5133 Archéorient, Maison de l’Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, Université Lumière-Lyon 2, 7, rue Raulin, 69365 Lyon Cedex 07 – F RANCE –
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– quel était le tracé des côtes dans l’Antiquité ? – ou encore, quelle est l’origine des Sumériens ? L’éclectisme de ces questions caractérise la réalité d’un volume qui, à trop vouloir démontrer l’intérêt de la géoarchéologie, finit par se perdre dans le dédale des démonstrations. Le premier chapitre plante le décor, fait le point sur les grandes questions géoarchéologiques, comme la localisation du Croissant fertile aujourd’hui et par le passé, l’évolution de la plaine alluviale et du système fluviatile mésopotamiens, l’extension des régions qui pouvaient être exploitées en culture pluviale et de celles qui devaient être irriguées, de nos jours et autrefois. La deuxième partie, présentée comme la plus importante, en lien avec le contexte historique, cherche à apporter des réponses, fondées sur les sciences de la terre, aux questions posées par les archéologues. Sont évoqués, parce qu’ayant pu jouer un rôle déterminant, les changements des contraintes climatiques, et par là l’extension ou le rétrécissement des régions mises en valeur, les changements du système fluviatile, les variations eustatiques du niveau des eaux dans le Golfe et l’apparition des problèmes de salinisation des sols. La troisième partie est consacrée au problème, présenté comme très intéressant et très discuté, du tracé des côtes de Mésopotamie. Fondées sur des dates radiocarbone, des données sont censées permettre de restituer les variations de niveau du Golfe depuis le IIIe millénaire avant notre ère jusqu’à l’époque actuelle. La quatrième partie cherche à répondre à l’une des questions, qualifiée de centrale, de l’archéologie proche-orientale, à savoir la raison pour laquelle la première culture élaborée (Hochkultur [sic !]) de notre monde s’est développée en Mésopotamie. Le travail est présenté comme devant intéresser plus un public averti, mais peu au fait de ce type de matière, que des chercheurs. Le défaut majeur de cet ouvrage est qu’il se fonde sur une bibliographie qui date pour l’essentiel, ce qui pose problème dans un domaine scientifique qui évolue vite. Deux exemples parmi d’autres : pour ce qui concerne la domestication des animaux et des céréales, pas une référence postérieure à 1994, avec une méconnaissance notamment des travaux de l’équipe de J. Cauvin ; de même, pour la reconstitution des paléoenvironnements proche-orientaux depuis le dernier épisode froid, sont ignorés des titres incontournables et pourtant déja anciens comme le numéro spécial de Paléorient paru en 1997 et portant sur « Paléoenvironnement et sociétés humaines au Moyen-
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Orient de 20 000 BP à 6000 BP ». Une bibliographie trop incomplète et globalement dépassée donc, mais qui présente le seul avantage de référencer des titres en allemand, dont certains incontournables et trop souvent ignorés. L’ouvrage aurait pourtant pu présenter un réel intérêt, tant
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les synthèses géoarchéologiques sont rares. En l’état, et du fait de défauts flagrants, dont certains sont soulignés ci-dessus, on ne peut que déconseiller sa lecture, notamment aux étudiants qui risqueraient d’y trouver des données et des éléments de réflexion malheureusement erronés ou dépassés.
YENER K.A. (ed.). 2005. The Amuq Valley regional projects, volume 1. Surveys in the Plain of Antioch and Orontes Delta, Turkey, 1995-2002. Chicago: The Oriental Institute of the University of Chicago (Oriental Institute Publications 131). Par Catherine MARRO*. L’ouvrage1intitulé The Amuq Valley regional projects est une synthèse préliminaire des fouilles effectuées dans la province du Hatay (Turquie du Sud) sous la direction de K.A. Yener de 1995 à 2002. Cette étude, qui fait suite aux célèbres travaux de R. et L. Braidwood publiés en 19601,2s’inscrit dans la continuité des recherches menées par l’Oriental Institute de Chicago, tout en incorporant d’autres institutions scientifiques, telle l’université Mustafa Kemal d’Antakya. Cette publication se présente en huit chapitres, dont le premier, signé par Yener, expose principalement les objectifs et les méthodes d’un programme de recherche pluridisciplinaire très ambitieux. Mettant l’accent sur la nécessité d’étudier un site ou une série de sites dans leur contexte régional, l’auteur détaille ainsi les opérations effectuées depuis 1995 (p. 10) : prospections archéologiques intensives dans la plaine de l’Amuq et le delta de l’Oronte ; prospections extensives dans les piémonts (Mt. Amanus et Djebel Aqra) ; études géomorphologiques ; nettoyage et étude des principaux sites fouillés par les Braidwood (Tell Kurdu, Tell Ta’yinat, Tell Atchana/Alalakh), parfois assortis de quelques sondages, en vue de la reprise des travaux de fouille. Le choix de ces trois sites s’explique notamment par leur grande taille (respectivement 15 ha, 35 ha et 22 ha), gage d’un travail de longue durée perçu comme la seule façon de compenser les contraintes administratives imposées par la Direction des Antiquités turques (p. 14). Avec raison, l’auteur déplore le choix exclusif de « gros tells » dans le volet « fouilles » de ce programme de recherche (p. 14) : la fouille de sites de rang divers permettrait en effet d’obtenir des résultats plus complets dans le cadre d’une perspective qui se veut globale. Ce travers, effectivement favorisé par
* Catherine MARRO – CNRS-UMR 5133 Archéorient, Maison de l’Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, Université Lumière-Lyon 2, 7, rue Raulin, 69365 Lyon Cedex 07 – F RANCE –
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les pesanteurs de l’administration turque2,3constitue l’une des principales failles de la recherche archéologique en Turquie aujourd’hui. Les travaux envisagés dans le cadre des Amuq Valley regional projects se situent donc sur trois échelles différentes : 1. étude régionale, 2. étude de site, 3. étude de matériel spécifique, notamment dans le domaine de la métallurgie. Ce premier volume se limite cependant à une synthèse des travaux effectués en plaine ; les résultats des recherches menées dans les piémonts seront publiés dans un volume ultérieur. Les six chapitres suivants sont consacrés chacun à un volet spécifique de ces travaux : étude de l’évolution du peuplement et des paysages (ch. 2, par J.J. Casana et T.J. Wilkinson) ; résultats de la prospection archéologique du delta de l’Oronte (ch. 3, par H. Pamir) ; organisation spatiale d’Alalakh (ch. 4, par K.A. Yener) ; cartographie de Tell Atchana (ch. 5, par S. Batiuk et A.A. Burke) ; étude de la distribution spatiale des tessons de céramique à Tell Atchana (ch. 6, par J.J. Casana et A.R. Gansell) ; résultats des travaux de prospection menés à Tell Ta’yinat (ch. 7, par S. Batiuk, T.P. Harrison et L. Pavlish). C’est le travail présenté par Casana et Wilkinson qui paraît le plus abouti. Leur objectif était non seulement de compléter les recherches pionnières effectuées par les Braidwood en étendant la prospection aux sites plats, aux zones off-site et aux piémonts, mais aussi de reconstituer le contexte environnemental du peuplement de l’Amuq et du delta de l’Oronte au cours de l’Holocène par une étude géomorphologique. La carence informative des séquences polliniques extraites localement n’a pas permis d’affiner ce travail par une étude de l’évolution de la végétation régionale, même si les auteurs ont pu néanmoins enrichir leur analyse grâce à une séquence provenant d’une région proche, la vallée du Ghab en Syrie. 2. La plupart des missions évitent en effet d’engager des procédures administratives longues et fastidieuses pour étudier des établissements ne méritant que quelques campagnes de fouilles.
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