Société psychanalytique de Paris. Revue française de psychanalyse (Paris). 1968/01-1968/02.1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. 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La situation n'évolue pas au fur et à mesure de l'entretien. toute de souplesse. ne constituent pas des symptômes au sens courant du terme. c'est-à-dire l'expression de tendances. puisqu'elle constitue l'essence même de la dépression. sans contrepartie économique positive quelconque. et le psychanalyste se demande. il L'evestigateur n'est pas non plus rejeté. et pour cause. Le motif de la consultation initiale a résidé dans un à-propos quelconque : fatigue ou incident somatique d'allure souvent bénigne. réside en des faits qui. ne se trouve pas embarqué dans un système. . sur le plan de la psychopathologie classique. par exemple. malgré la position. le drame n'est pas lisible. à savoir l'abaissement de niveau du tonus libideal. Ce qui se dégage mal d'abord. ni même tenu à l'écart par les mécanismes habituels des névroses mentales et des psychoses. ou de défense. mais se perçoit progressivement dans la relation.La essentielle( dépression par PIERRE MARTY 1) La dépression psychosomatique. qu'il n'est au mieux qu'un médece. ou de mouvements intérieurs. Le patient n'a ni choisi. Le sujet soumet son cas presque comme s'il s'agissait d'un autre. et leurs médeces non avertis ne pensent d'ailleurs pas au psychanalyste. serait en définitive mieux nommée dépression essentielle. leur entourage. En dehors de certains épisodes d'angoisse. sur le mode de relation qu'entretient le patient avec revestigateur. nstitut de Psychanalyse. évidemment ce qu'il peut faire avec un tel patient qui d'ailleurs ne demande rien parce qu'il ne souffre guère. Tout se passe pour lui sans émotion. I (1) Introductionau VIIIe Séminaire de Perfectionnement. 30-1-1966. de l'evestigation. L'appréciation clinique de cette dépression doit se baser avant tout. le plus professionnel du terme . L'absence d'une psychopathologie expressive fait que ces patients. qu'à plusieurs reprises j'appelais dépression sans objet. soulignant encore l'estabilité provisoire de cette dépression. et le psychanalyste tire l'impression qu'il n'entre même pas dans le monde pourtant froid de son vis-à-vis. très nettement marqué. que cette . Et ceci demeure en opposition avec les autres types de dépression. la projection. . ne constitue pas une des preuves temporelles. Il n'y a aucun recours. Dans l'examen de tels cas il convient. l'effacement probant des vies onirique et Je me demande d'ailleurs si le dynamisme de ces fantasmatique. un des témoignages de la préséance libidinale. la condensation. et du morcellement fonctionnel. Je crois que ces deux termes : disparition de la libido. préséance libideale que l'on trouve donc particulièrement submergée dans la dépression essentielle. désorganisation générale qui s'étend sans doute à d'autres domines que le domaee mental. En résumé. Je veux parler de l'identification. à savoir l'effacement. sous la pression des manques pénibles de l'autre tendraient à lui combler ses vides avec le bon prétexte qu'on retrouve dans son histoire lointaee tous les conflits classiques et qu'on retrouve dans son histoire récente un traumatisme non moins classique lequel a justement déclenché cette dépression. Il faut remarquer cependant que cette désorganisation du sujet. de l'autre. l'associaretrojection. sur lequel nous débouchons. ni intérieur. et cela sans compensation économique autre que le morcellement fonctionnel. ni extérieur.désystématisation profonde. dans laquelle elle se fond. qui s'escrit générale de coorcfination. un élément majeur que je soulignais dans mon intervention au dermer Congrès de Langues romanes. morcellement fonctionnel. bien entendu. La dépression essentielle présente ainsi le tableau d'une crise sans d'une vie opératoire. que l'on ne saurait confondre avec la régression libidinale. dont ma liste n'est pas limitative. On trouve alors déjà. constituent la définition même de l'instinct de mort. de se méfier de ses propres projections de psychanalyste organisé qui. fonctions. plus loin. bruit. se cachent derrière le masque social de la bienséance. la dépression essentielle se présente comme une disparition de la libido tant narcissique qu'objectale. le déplacement. de fonctions capitales. sur toute l'échelle de la dynamique mentale. Il convient cependant de poursmvre la recherche d'une psychoici dans les domaines de l'absence pathologie occulte. laquelle prélude souvent à l'estallation véritable dépression chromque. elle réside dans l'abaissement marqué du niveau du tonus libideal à la fois objectai et narcissique.596 REVUEFRANÇAISE PSYCHANALYSE DE 3-I968 La dépression est cependant évidente comme l'a révélé le contact psychanalytique et comme l'anamnèse le confirme . d'une part. tion des idées et. ni sur les prolongements n'esisterai aujourd'hui. Car si je pense que dans toutes les formes de dépression la préséance de l'estinct de mort se mamfeste pendant un temps. psychiques. d'une énergie. Je vous fais remarquer encore. Encore une fois. parallèle ou régressive par rapport au pomt de départ prétraumatique. je pense aussi que dans la majorité des cas de dépression un véritable « raccrochage libidinal » s'opère dans une reprise objectale ou narcissique. et je ni sur la venue. mon énumération n'est pas limitative. ou qu'il s'agisse d'un mouvement subfimatoire. . ni sur la durée néfaste du temps que le sujet passe dans cet état. Mais n'oubliez pas que nous pouvons être quelquefois efficaces.VIIIe SEMINAIREDE PERFECTIONNEMENT 597 Je crois que la dépression essentielle constitue ainsi l'une des manifestations cliniques majeures de la préséance de l'estinct de mort. ainsi porter déjà en eux des phénomènes de mort. ou psychotiques. avec la poésie de la dépression par exemple. mais je crains qu'il ne conduise plus sûrement et plus naturellement à la mort. Je vous fais remarquer ici que la dépression essentielle constitue un tableau moins spectaculaire que celui de la dépression mélancolique. avec sadomasochisme. Les déprimés essentiels semblent compensation. plan économique de la perte. objectale. avec cette description première de la dépression essentielle. en dehors de vaines tentatives pendant un temps. Mais rien de tout cela dans la dépression essentielle. ni sur les organisations basales qui la supportent. qu'il s'agisse d'etrusion objectale avec angoisse. qu'il s'agit justement d'un phénomène comparable à celui de la mort où l'énergie vitale se perd sans sans contrepartie. sans contrepartie. J'appelle « raccrochage libideal » ce qui nous est sensible dans les diverses expressions névrotiques. sociaux et somatiques de cette dépression. sans compensation. objectale ou narcissique. qu'il s'agisse de reprise relationnelle véritable. soit par obturation de la fonction objectale en cause ou de la fonction post-traumatique narcissique en cause. Puis le calme renaît avec l'estinct de mort — maître des lieux. d'etrojection avec culpabilité. l'énergie libidinale. soit à la suite de la perte objectale. pour ceux qui sont choqués par le et difficilement conceptualisable sur le phénomène incompréhensible. J'en ai terminé maintenant avec ce schéma clinique et théorique. ou sublimatoires. On ne trouve pas ici ce que provisoirement j'appellerai le « raccrochage libidinal » des autres dépressions. rares. sans tendance obsessionnelle ou phobique mentale marquée. Mais la libido demeure presque toujours sous-jacente et ne me semble s'éteedre qu'avec la vie. J'aborde alors le second point. jusqu'à ce que vous soyez certains qu'il s'agit d'autre chose que d'une névrose mentale ou d'une psychose. Vous voyez la situation et j'espère que vous la résolvez au mieux en maintenant tout le temps possible la règle analytique classique. je signale cette phrase d'une patiente : « J'aimerais des soucis. Vous vous rendez compte que le maintien de la tension frustrante n'est pas une politique rentable avec un déprimé essentiel. la manoeuvre s'avérerait stérile. Certes. » Comptant donc. et si l'on ne maintient pas la tension frustrante dans un cas de dépression névrotique ou psychotique. sur une reprise libidinale toujours possible. J'ouvre une parenthèse : si la libido avait totalement disparu. soit en consultation. nous savons qu'on court à la catastrophe. sauf dans quelques cas exceptionnels. Je ferme la parenthèse. .598 REVUE DE FRANÇAISE PSYCHANALYSE 3-I968 Il convient cependant. il s'agit globalement de ne pas laisser à la dépression des essentielle. de dégager rapidement deux points intéressants : Il ne faudrait pas croire. des malades. à peine simpliet partant fiée. Par ailleurs. même matériels. tâche toujours difficile. en quelque sorte. patient et de lui faceter l'evestissement c'est-à-dire à peine différente de lui. aux dimensions d'un Surmoi collectif et actuel. ou plutôt à l'instinct de mort. Il conviendra donc de se rapprocher au plus près du d'une identification possible. qu'il s'agit de sujets extraordeaires. La débilité libidinale est cependant considérable et pour l'illustrer. après ma description. mais nous en rencontrons cependant quelques-uns. Dans chaque cas. Il faut se tenir. celles que le patient nous suggère. il importe de savoir ce qu'on doit faire. la plupart d'entre eux ne vient pas nous voir. La situation n'évoluera pas. le temps d'estaller phénomènes de morcellement somatique irréversibles. semble-t-il. une erreur diagnostique. dans le cadre de notre sémeaire. si l'on a commis une erreur d'appréciation. soit au cours du traitement analytique de névroses de caractère polymorphe. au plus près d'un Moi inexistant — autre témoignage de morcellement — Moi en tant qu'estance réduit. Il faut cependant tenter d'ouvrir quelques portes de secours. comme il convient.